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Combien de temps le marché de l'emploi peut-il résister ?

Publié le lundi 5 septembre 2022 . 5 min. 11

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En dépit de deux séismes majeurs, la crise du covid et la crise énergétique inhérente au conflit ukrainien, l’emploi privé surplombait fin juin de près de 800 000 ses niveaux de fin 2019. Le taux de chômage, de son côté, est près d’un point inférieur à ses niveaux précovid, frôlant ses plus bas depuis 40 ans. Et les recrutements en CDI et CDD à plus d’un mois sont à leur zénith.


Des intentions d’embauche découplées de la perspective de récession mondiale


Disons-le clairement, aucun économiste n’aurait misé sur un tel résultat. Ils s’attendaient plutôt à un cataclysme sur l’emploi au moment du premier confinement. Sa surprenante résistance durant le Covid a été attribuée à des artifices et des soutiens hors norme, au premier rang desquels le chômage partiel. Mais cette rétention de l’emploi, acquise contre le marché, promettait alors une reprise sans emploi. Or, ce n’est pas du tout ce qui s’est produit. À peine l’activité a-t-elle commencé à se redresser, un processus sans cesse contrarié par les rechutes sanitaires, que la job machine s’est mise en marche sans attendre, comme si les entreprises n’avaient aucun sureffectif à éponger.


Si les photographies du marché du travail, datant du mois de juin, ont l’œil dans le rétroviseur, elles nous renvoient néanmoins l’image de la situation après 4 mois de conflit et de surchauffe des marchés de matière première, d’incertitude extrême pour les entreprises donc. Le chômage partiel, qui pourrait fausser l’analyse a quant à lui quasiment disparu du paysage. Les entreprises étaient encore à la peine en matière de recrutement au début de l’été : en témoignent la proportion de postes vacants et le nombre record de démissions, ces dernières attestant de la bonne orientation des opportunités de recrutement. Seules les enquêtes auprès des entreprises permettent de prendre le pouls de la dynamique des intentions d’embauche jusqu’au mois d’août. Ces dernières s’érodent, certes, et il est clair qu’un point de retournement se dessine. Mais ces intentions se maintiennent néanmoins à haut niveau, en découplage profond avec une perspective de récession mondiale qui paraît de plus en plus inéluctable.


Cinq raisons pour comprendre le hiatus entre croissance et emploi


Et cette inflexion surtout ne remet pas en cause la profonde modification du lien croissance/emploi qui s’amplifie depuis plusieurs décennies, et atteint son apogée aujourd’hui. La mise en perspective sur séries longues en montre le caractère saisissant. Alors que la croissance n’a jamais été aussi calamiteuse sur 3 ans depuis l’après-guerre, les créations d’emploi sur la même période sont proches d’un record historique, à plus d’un million, niveau qui n’a été dépassé que lors de l’euphorie de la bulle internet au tournant des années 90-2000. Le hiatus est complet entre croissance et emploi, et le tournant baissier qui se profile n’efface pas ce qui fait figure d’anomalie spectaculaire. J’évoquerai ici 5 raisons possibles :


1. La première c’est l’emprise des groupes sur l’économie française qui ont recentré leur emploi local sur des compétences stratégiques, qui font figure d’investissement humain, peu ajustable pour piloter des structures de plus en plus complexes et évoluant sur un marché mondial perturbé qui requiert toujours plus de compétences de ce type. L’externalisation des fonctions plus opérationnelles dilue l’ajustement hors du territoire et amortit l’impact local des chocs. Des groupes qui de surcroît, que ce soit dans le luxe, l’énergie, la pharmacie, l’aéronautique ou l’armement surfent encore sur des tendances favorables et disposent d’une aisance financière qui diffère les ajustements.


2. La seconde, c’est l’erreur d’appréciation sur la révolution numérique, qui loin de provoquer des ravages sur les emplois peu qualifiés, les renouvelle et crée une prolifération de minijobs peu sélectifs.


3. La troisième, c’est l’accélération des agendas climatiques et numériques qui complexifient les cahiers des charges et créent de nouveaux besoins de compétence — dans la construction, les services informatiques, l’énergie, la pharmacie, etc.—, assortie du nouvel impératif de produire au plus près certaines composantes stratégiques de nos chaînes de valeur.


4. La quatrième raison est plus conjoncturelle. La croissance se bâtit depuis deux trimestres sur la restauration des services, autrement dit sur les secteurs à fort contenu en emploi, compensant les difficultés de l’industrie, confrontée à l’amoncellement de difficultés : pénuries, hausse du prix des intrants, reflux des dépenses de biens des ménages, notamment celles d’équipements domestiques qualifiées de « cocooning » qui avaient bénéficié des confinements.


5. Enfin, cinquième raison, la rationalisation excessive et la sous-estimation des besoins en ressources humaines dans un certain nombre de domaines sensibles, au premier rang desquels la santé, la dépendance et l’éducation.


Le retournement est bien là, oui. Mais soumis à des forces contradictoires inégalées qui affectent les tendances et font que la lecture cyclique de l’économie est de moins en moins opérante, rendant la prévision plus malaisée que jamais.


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