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D'Internet à ChatGPT : 30 ans de fadaises sur "la fin du travail"

Publié le lundi 6 février 2023 . 5 min. 57

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Nouveau séisme digital annoncé dans la sphère du travail. ChatGPT est dans toutes les bouches. Je ne vais pas ajouter ici une couche supplémentaire à l’effervescence du moment, qui suscite d’autant plus d’émois que ce sont les professions intellectuelles, précisément celles qui tiennent la plume, qui sont au cœur de la tourmente à la fois en juge et partie.


Prenons un peu de recul et revenons sur nos précédents grands emballements concernant les bouleversements du digital depuis une vingtaine d’années. Il ne se passe pas d’instant sans que fasse irruption dans le débat public l’idée que le digital vient de franchir un seuil critique, d’accoucher d’une disruption qui va transfigurer la société et notamment la production. Relayée par le monde du consulting, l’annonce d’un tsunami organisationnel imminent fait recette. Avec deux spectres qui hantent les esprits, déjà en germe dans la littérature et le cinéma des années 30 :


- celui de l’éviction de l’homme par la machine ;
- et celui de la relégation de la grande masse des individus, dans un lumpenprolétariat invisible, sous-terrain, tandis qu’une poignée d’individus concentrent tous les avantages.


Nos emballements


Rappelons-nous notre emballement sur le mot Big Data qui fait son apparition en 1997 et se propage dans les années 2000-2010. Avec sa popularisation, nous prenons conscience de la masse de données personnelles que nous émettons et qui deviennent une ressource essentielle. L’analyse prédictive est à portée de main, promettant de tout révolutionner — de la médecine au marketing —, associé à la crainte de voir émerger un monstre orwellien. Intelligence artificielle, deep learning, machine learning et blockchain sont les concepts dérivés de la massification des données, ouvrant l’ère d’un deuxième âge des machines, pour paraphraser le titre d’un ouvrage de 2014 :


1. Le premier âge était celui d’une complémentarité homme-machine.
2. Le deuxième âge est celui de l’automatisation des tâches cognitives, de l’avènement des machines et des objets intelligents, connectés entre eux et autonomes, prenant de meilleures décisions que les humains, faisant entrevoir une substitution homme-machine poussée à l’extrême, une robotisation généralisée, y compris les métiers de la connaissance.


Rappelons-nous encore de notre emballement sur l’impression 3D dans les années 2010, et la promesse liée de l’avènement d’un nouveau capitalisme de Makers, pour reprendre là encore le titre d’un ouvrage de Chris Anderson de 2012, la prolifération de fablab, atomisant l’entreprise traditionnelle, dynamitant toute l’architecture des chaînes de valeur et de la distribution.
Rappelons-nous aussi des spéculations sur le véhicule autonome, et notamment sur la Google Car dès le début des années 2010. Avec là encore l’idée que la révolution du transport était à portée de main. Sans parler des drones.


Le tsunami annoncé n’est pas là


Et chaque fois c’est la métaphore de l’échiquier de Sissa qui revient. Nous sommes dans la seconde partie de l’échiquier, celle où, partant d’un grain, dont on double la quantité sur chaque case, le nombre de grains finit par représenter 1000 ans de production mondiale. Le prospectiviste Rifkin a jalonné cette vague numérique de ses prophéties totalisantes, de la « fin du travail » publié en 1995, en passant par « l’âge de l’accès » en 2000, jusqu’à son ouvrage « la nouvelle société du coût marginal zéro » de 2014, faisant entrevoir la radicalité des transformations du capitalisme contemporain. Et dans son sillage, une étude de Frey et Osborne de 2013 avait défrayé la chronique en signalant le fait que 47% des métiers américains de 2012 risquaient d’être balayés par la digitalisation.


Or, 10 ans se sont écoulés depuis la genèse de cette étude qui avait indicé 702 métiers de 0 à 1, inventoriés par le Bureau of Labor Statistics (BLS) en fonction de leur degré d’exposition à la digitalisation, 320 étant jugé à risque élevé. Comment a varié cet emploi depuis cette date, jusqu’à la mi-2021 ? :


- Certes, pour 171 métiers à risque extrême (30% de l’emploi), avec un niveau de menace supérieur ou égal à 0,9, l’emploi a diminué de 2% depuis 2012 (49% de ces métiers étant néanmoins en hausse).
- Pour ceux indicés de 0,7 à 0,9, à risque élevé (représentant 17% de l’emploi), la progression est de 14%, soit une évolution supérieure à celle des métiers peu exposés, boostée par les taxis/chauffeurs VTC et les aides à domicile notamment.


Et en définitive, 10 ans plus tard, les 47% d’emplois désignés comme menacés représentent encore 45% de l’emploi américain. Le tsunami annoncé n’est pas là.
Nul besoin d’épiloguer longtemps. Méfions-nous de nos raisonnements logico-déductifs sommaires :


- qui ignorent l’inertie des organisations, des mentalités, les nouvelles astreintes productives que génère le digital, densifiant le travail humain plus qu’il ne le réduit ;
- qui ignorent aussi les nouvelles potentialités productives du numérique, créatrices de tâches et l’infinie capacité des hommes à investir le champ du symbolique, et à ritualiser l’inutile, conduisant à la prolifération des bullshit jobs.


À chaque fois, ce qui frappe, c’est notre tendance à réduire les horizons, à surestimer la vitesse des transformations, d’un vieux capitalisme qui se meurt de mort très lente.


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