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Faut-il indexer les salaires sur l'inflation ?

Publié le lundi 12 décembre 2022 . 5 min. 31

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Faut-il rétablir l’indexation des salaires en France ? Cela ressemble à une question de convenance dont on connaît par avance la réponse. Car les raisons qui sous-tendent l’abandon de l’échelle mobile des salaires en 1983 n’ont rien perdu de leur acuité.


La rentabilité comme objectif


En 1983 le gouvernement de Pierre Maurois entérine le fait que la France est une économie ouverte. Son différentiel d’inflation et de salaires mine sa compétitivité. La dérive de ses coûts unitaires se paie en retour par une dégradation de son commerce extérieur et des dévaluations à répétition qui renchérissent les coûts importés et transforment in fine l’inflation en syndrome de stagflation. L’objectif de préservation du pouvoir d’achat à court terme se retourne finalement contre son intention initiale, en minant la croissance, l’emploi et la stabilité financière.


Or, ce que l’on appelait alors la contrainte extérieure n’a fait que gagner en intensité. Mais elle se complique de surcroît d’une perte d’autonomie sur le change depuis la création de l’euro. Et toute divergence des coûts unitaires se paie très cher au plan macro-économique et financier comme l’a montré la séquence européenne des années 2000 qui débouche sur la crise des dettes souveraines de 2010. La partition concurrentielle s’est étendue en outre aux marchés de capitaux, prenant des proportions considérables par rapport aux années 80 : 40% du capital des groupes du CAC 40 est détenu par des non-résidents aujourd’hui, contre moins de 10% au début des années 80 et 54% de la dette privée et publique française. D’où la prégnance de l’objectif de rentabilité dans les choix stratégiques des entreprises, avec pour corollaire, toutes les réformes qui accroissent le degré de liberté des entreprises pour flexibiliser leurs coûts. La désindexation des salaires fait partie de cet arsenal, au même titre que l’allègement des protections de l’emploi. L’indexation des salaires dans une économie globalisée et financiarisée est de la sorte devenue un anachronisme. Elle impliquerait de fait une telle remise en cause systémique, touchant à l’appartenance à la monnaie unique, à nos modes de gouvernance, à la libre circulation des capitaux, qu’il est impossible de la préconiser aujourd’hui.


Un SMIC indexé


Alors certes, pour contester ce « no alternative », le cas belge est souvent cité. La Belgique fait partie des très rares pays, avec Chypre, le Luxembourg et Malte qui ont toujours un mécanisme d’indexation de l’ensemble (ou de la majorité) des salaires. Certes, mais avec de nombreux garde-fous :


1. La loi de 1996 sur la compétitivité fixe "un pourcentage maximal d’augmentation des salaires" qui tient compte de l’évolution des salaires dans les pays voisins.
2. L’indice des prix de référence est lissé et élimine notamment les boissons alcoolisées, le tabac et les carburants.
Enfin, et surtout, si l’on compare aujourd’hui la France et la Belgique, le pouvoir d’achat des salaires est plutôt mieux sauvegardé dans l’hexagone, du fait d’une spirale prix/salaires moins virulente.
Notons enfin que le système français conserve un mécanisme d’indexation au niveau du SMIC qui se propage en dégradé le long de l’échelle des salaires, faisant davantage peser l’effort d’ajustement sur les salaires les plus élevés en phase d’inflation.


Les ressources publiques se consument dans la stabilisation du système


Cela étant dit, la question étant posée et y ayant répondu de la façon la plus orthodoxe qui soit, cela signifie-t-il en creux que nos conventions salariales actuelles doivent être validées ? L’échelle mobile des salaires instaurée en 1952 tout comme la création du SMIG en 1950 entérinent la reconnaissance d’une asymétrie dans le rapport de force entre travail et capital. Une époque où il va de soi que c’est la variabilité du profit qui encaisse les chocs de conjoncture et que c’est aux détenteurs de capital de porter ce risque. En contrepartie, ce compromis implicite favorise le partage équilibré des fruits de la croissance et sécurise le débouché des entreprises.


Ce compromis a volé en éclat. En sanctuarisant la profitabilité, la gouvernance actionnariale a torpillé cet équilibre. Avec à la clef, un partage de la valeur ajoutée qui tend à se faire au détriment du travail. Une baisse des primes de risque à l’origine d’une folle envolée des prix des actifs et des inégalités patrimoniales. Et des États qui suppléent les entreprises pour solvabiliser la demande, cofinançant de plus en plus le travail pour sécuriser le pouvoir d’achat. Une fonction qui est au cœur du « quoi qu’il en coûte », de la prime d’activité, en passant par le chômage partiel, jusqu’au bouclier tarifaire sur l’énergie. La flexibilité a pour corollaire une socialisation croissante du revenu des ménages, non financé par l’impôt, avec à la clef une explosion de l’endettement public. Et des ressources publiques qui se consument dans la stabilisation du système, au lieu de prendre à bras le corps l’urgence climatique.


Un cercle pervers qui n’a pas l’indexation pour solution, mais doit aller chercher bien plus profond son remède, dans la révision de nos modes de gouvernance, un rééquilibrage du dialogue social, une canalisation de la finance. Autrement dit, une refondation qui ne peut se limiter à un seul pays.


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