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Où en est la valeur travail en France ? L’a priori, c’est que la préférence des Français pour le loisir, la vie privée/vie familiale serait plus prononcée qu’ailleurs. Et que la crise covid a encore accentué les choses. Mais ne sachant pas véritablement caractériser la situation dont nous partons, traversée de multiples controverses et effets de mode, difficile de dire en vérité si nous vivons véritablement un tournant.


Les deux versants de la critique


La question de la crise de la valeur travail alimente un double procès depuis longtemps :


• L’un se focalisant sur la faible appétence des Français pour le travail : pointant la faiblesse des heures travaillées en France par an ou tout au long de la vie, le bas taux d’activité, les difficultés de recrutement des entreprises attestées par la montée des emplois vacants, l’absentéisme, le poids de l’assistanat, etc. Il existerait en France un refus de l’effort qui pénaliserait notre potentiel de croissance et notre compétitivité.
• L’autre versant du procès se focalise sur la dégradation de la désirabilité du travail : pointant la dégradation des conditions de travail, les pathologies physiques ou mentales, les burnouts notamment, la perte de sens, la pénibilité, la précarité, l’ubérisation, etc.


Si ces critiques sont de nature très différente, elles convergent néanmoins sur l’idée qu’il y’a crise, et que le désamour des Français pour le travail est bien réel, qu’il soit fondé sur la paresse ou la dégradation des conditions d’emploi.


Procès en paresse : des indicateurs contradictoires


Pour instruire les deux versants de la critique, il existe une prolifération d’enquêtes et d’indicateurs.


Côté procès en paresse fait aux salariés, ce sont plutôt des données objectives (taux d’emploi ou d’activité, durée du travail, durée de vie en retraite, taux d’emplois vacants, etc.). Ces indicateurs sont régulièrement mobilisés en comparaison internationale, mettant en lumière le piètre rang français. Le problème, c’est qu’il s’agit là d’indicateurs de performances, influencés par une multitude de facteurs, culturels, légaux, économiques. Postuler que la faible mobilisation du travail est intentionnelle relève de l’arbitraire, comme lorsque qu’on postule qu’un chômage est volontaire. Et surtout, ceux qui s’appuient sur ce type d’indicateurs se prennent rapidement les pieds dans le tapis. Exemples :


• Si le faible volume du nombre d’heures de travail ouvrées par année est un indicateur de paresse, alors je dois classer les Allemands, Danois, Norvégiens, Hollandais ou Suédois au rang de super paresseux, et les Britanniques au rang de flemmards aussi invétérés que les Français.
• Si le taux d’activité ou d’emploi est un indicateur de désamour pour le travail, alors je dois considérer que les Français ne cessent de s’améliorer en la matière, loin de la paresse suspectée.
• Si la part des emplois vacants témoigne bien de la réticence des Français à traverser la rue, alors je dois expliquer aussi ce qui se passe à l’étranger et l’ampleur que prend le phénomène dans les autres pays européens, et notamment en Allemagne.


Comment se fait-il par ailleurs que la France dispose d’un des plus hauts niveaux de productivité horaire de l’OCDE, au profil comparable à celui de l’Allemagne ? Il faut croire que la faible appétence au travail de certains est largement compensée par la conscience professionnelle et motivation des autres.


L’enfer de l’ubérisation n’est pas palpable


Côté procès des conditions de travail, comme source de rejet, ce sont plutôt les données d’enquête auprès des salariés qui dominent. Mais, si l’on essaie d’objectiver, le fait que l’instabilité de l’emploi a gagné du terrain, enfermant un nombre croissant de personnes dans des mini jobs rémunérés à la tâche ou dans des CDD dégradés au turnover incessant, ce n’est pas ce qui ressort des données sur l’ancienneté des personnes dans l’emploi. L’enfer de l’ubérisation n’est pas palpable :


• La part des emplois de faible durée, à haute fréquence de turnover, n’a pas sensiblement augmenté en 20 ans.
• En revanche, il y a une donnée qui attire l’attention. Celle des accidents du travail, qui interroge sur la qualité des conditions d’emploi.
• Pour la plupart des autres dimensions, il existe nombre d’enquêtes au plan international, questionnant les salariés sur leurs conditions et sur leur motivation. Parmi les pays européens, la France se situe bien en queue de peloton en matière de perception des conditions de travail. L’enquête menée en 2021 sur le sujet par la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail (Eurofound) indiquait par exemple que la France se classait en 28e position sur les 36 pays sondés. Mais c’est du déclaratif : déclin de la valeur travail, ou biais culturel critique, témoignant d’une attente et un attachement fort à la valeur travail… difficile à dire.


C’est dans ce contexte que surgissent de nouveaux sondages :


• En octobre 2022, c’est un sondage IFOP qui met en relief que 37% des Français sont concernés par le « quiet quitting » (démission silencieuse) travaillant le minimum requis, que 54% considèrent que le travail est avant tout une contrainte plutôt qu’une source d’épanouissement.
• En novembre de 2022, c’est une enquête de la Fondation Jaurès qui pointe une « épidémie de flemme », après le covid, une perte de motivation touchant 30% ou plus des Français.

• En février 2023, c’est l’institut Montaigne qui dévoile un sondage mettant à jour que 77% des Français sont satisfaits au travail, que 60% ressentent une augmentation de leur charge de travail depuis 5 ans, mais que seuls 24% la juge excessive…


Des constats que l’on peine à articuler les uns aux autres. Bref, s’il n’est pas sûr que la valeur travail soit en crise, la notion, elle est bien en crise… surtout du point de vue des méthodes pour l’appréhender.


Publié le lundi 27 février 2023 . 6 min. 06

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