Connexion
Accédez à votre espace personnel
Recevez nos dernières vidéos et actualités quotidiennementInscrivez-vous à notre newsletter
ÉCONOMIE
Décryptages éco Intelligence économique Intelligence sectorielle Libre-propos Parole d'auteur Graphiques Notes de lecture
STRATÉGIE & MANAGEMENT
Comprendre Stratégies & Management A propos du management Parole d'auteur
IQSOG
RUBRIQUES
Économie généraleFranceEurope, zone euroÉconomie mondiale Politique économique Emplois, travail, salairesConsommation, ménagesMatières premières Finance Géostratégie, géopolitique ComprendreManagement et RHStratégieMutation digitaleMarketingEntreprisesFinanceJuridiqueRecherche en gestionEnseignement, formation
NEWSLETTERS
QUI SOMMES-NOUS ?


Pourquoi le sentiment de déclassement social s'accentue

Publié le mercredi 28 février 2024 . 5 min. 05

Voir plus tard
Partager
Imprimer

Que sait-on de la trajectoire des classes moyennes inférieures depuis la crise sanitaire ? La crise des gilets jaunes avait placé le projecteur fin 2018, sur un malaise larvé, mal identifié parce que multidimensionnel, d’une partie du corps social. Un ensemble hétérogène de Français, pénalisés géographiquement par leur distance aux centres urbains, à leur lieu de travail, aux services publics, dans l'angle mort des systèmes de protection sociale et de redistribution, et aux intérêts mal représentés. Cette crise faisait écho au malaise des classes moyennes déjà largement perçu par les sociologues, notamment Louis Chauvel, qui a notamment instruit la question du déclassement intergénérationnel dès la fin des années 90. Ou encore avec la thématique de la polarisation post-industrielle de l’emploi, qui nourrissant le bataillon des peu qualifiés en bas de l’échelle, ou celui des hyper qualifiés en haut, a brisé l’optimisme d’ascension sociale des classes intermédiaires et exacerbé la peur du déclassement économique, pour eux comme pour leurs enfants.


Répercussions de la crise Covid et de l'inflation


C’est ce terrain fissuré et explosif que la crise du Covid puis de l’inflation a percuté. Une crise sanitaire qui a soudain placé sur le devant de la scène les travailleurs invisibles, mais indispensables à la vie économique, et dont les salaires sous-pondèrent l’utilité sociale. Et c’est bien conscient de ce risque de déflagration que le gouvernement a affronté la succession des crises depuis 2020, multipliant les dispositifs, chômage partiel, boucliers, chèques ciblés, baisses de prélèvements, primes de partage etc. Y est-il parvenu, du point de vue des revenus du moins ?


A priori non, lorsque l’on se focalise sur les seuls salaires. La « smicardisation » nous met en alerte sur le risque d’exacerbation du sentiment de déclassement. Le salaire n’est certes qu’une composante du niveau de vie des ménages. Mais c’est en termes de perception un élément décisif, parce que stable et perçu comme la reconnaissance du travail. Et sur ce terrain, les faits sont nets. Si le pouvoir d’achat du SMIC a bien été protégé de l’érosion inflationniste entre fin 2019 et fin 2023, les salaires immédiatement au-dessus n’ont pas suivi la cadence, s’ajustant avec retard et de façon incomplète. Que ce soit pour les ouvriers, employés ou pour les professions intermédiaires. Avec deux conséquences : une perte du pouvoir d’achat des salaires, dans le bas de la distribution, et un gonflement de la part des salariés rattrapés par le SMIC. Un phénomène dont la cause est bien connue. La forte pente d’augmentation des cotisations sociales au-delà du SMIC, fait que 100 euros d’augmentation, coûtent 483 euros à l’entreprise. Il y a donc une très forte désincitation des employeurs à sortir un salarié de la trappe à bas salaire.


L’échec des dispositifs anti-redistributifs face à l’inflation


Il s’agit là d’une vision extrêmement étroite du niveau de vie, bien entendu. À côté de la masse salariale, il y a les prestations sociales et revenus de substitution, chômage ou retraite, les revenus du patrimoine, et des prélèvements progressifs. Or la structure des revenus se modifie très rapidement en bas de l’échelle, entre les 10% ou 20% les plus pauvres et ceux qui se situent sous le niveau de vie médian. Avec beaucoup plus de transferts tout en bas de l’échelle et une part croissante de revenus d’activité, dès que l’on s’élève dans la hiérarchie. De surcroît, comme le SMIC, les prestations sociales et minima, ont été mieux protégés de l’inflation que les revenus d’activité. Alors certes, les primes Macron défiscalisées et sans charges, le bouclier tarifaire et la superposition des dispositifs plus ciblés auraient pu conjurer les effets anti-redistributifs de l’inflation. Mais ce n’est pas le cas. D’abord, parce que ces dispositifs sont pour la plupart temporaires, ensuite, parce que, de par leur conception même, ils n’ont opéré qu’une correction de second ordre. C’est le cas de la prime Macron, dont le montant augmente avec la taille des entreprises.


Ce que montre une étude récente de l’OFCE, portant sur 2021-2023. L’évolution du revenu disponible des ménages a suivi une courbe en U. Le premier décile a bénéficié plus fortement que les déciles supérieurs de l’indexation du SMIC et des minimas. Et les ménages les plus riches ont profité à plein de la très forte augmentation des revenus du patrimoine. Et en dépit de l’activisme du gouvernement, les classes moyennes se sont enfoncées encore un peu plus dans leur sentiment de déclassement, confirmant la difficulté grandissante de nos outils redistributifs à corriger des distorsions primaires toujours plus puissantes.


x
Cette émission a été ajoutée à votre vidéothèque.
ACCÉDER À MA VIDÉOTHÈQUE
x

CONNEXION

Pour poursuivre votre navigation, nous vous invitons à vous connecter à votre compte Xerfi Canal :
Déjà utilisateur
Adresse e-mail :
Mot de passe :
Rester connecté Mot de passe oublié?
Le couple adresse-mail / mot de passe n'est pas valide  
  CRÉER UN COMPTE
x
Saisissez votre adresse-mail, nous vous enverrons un lien pour définir un nouveau mot de passe.
Adresse e-mail :