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La réforme des retraites est emblématique de cet éternel conflit entre rationalité économique et subjectivité collective. Sur le papier la réforme a tout de la raison : Non un régime universel par point ne dynamite pas le système de répartition. Oui l’uniformisation des règles vaudrait mieux en termes de lisibilité et d’équité  que la balkanisation actuelle des régimes; Oui, un régime universel est paramétrable de façon bien moins conflictuelle qu’un système morcelé. OUI, le statu  quo actuel sur la durées de cotisation, s’opère au détriment du pouvoir d’achat des retraites et d’une résurgence à terme des problèmes de pauvreté. Oui, la notion de pénibilité pourrait être remise à jour en fonction des réalités contemporaines.


Le climat social rend néanmoins tout cela inaudible. Bonne ou mauvaise cette réforme est un détonateur. Non qu’en face de la rationalité gouvernementale se dresse un mur d’irrationalité et d’ignorance. Mais plutôt parce que nous sommes à un stade de la crise où s’opposent deux types de rationalité : l’une instrumentale, qui réfléchit l’optimisation  du système dans le cadre donné, celui du capitalisme financiarisé, carboné, mondialisé hérité des années 80, et qui a fixé comme objectif aux États d’être les moins intrusifs et les plus économes possibles. L’autre systémique, qui réhabilite le politique, et conteste le cadre même qui sert d’axiome à la rationalité instrumentale. Cette contestation n’a accouché de rien encore. Elle prend la forme d’un rejet. Elle a intériorisé le fait tous les ajustements proposés aujourd’hui aux classes moyennes alimentent l’inflation des prix d’actifs et le gonflement des hauts patrimoines, qui eux sont fiscalement sanctuarisés. Et que toutes les réformes dites rationnelles aggravent en définitive les biais de répartition…  Le discours peut sembler anticapitaliste primaire. Il n’en reste pas moins qu’il correspond à une réalité vécue et intériorisée par un nombre croissant de concitoyens. Et qu’il traverse toutes les sociétés avancées aujourd’hui, loin d’être une spécificité hexagonale. L’expression de cette prise de conscience peut sembler éruptive. Elle n’en reste pas moins objectivable et rationalisable.


Dans ce contexte de confrontation des rationalités, le gouvernement peut-il sauver les chances de faire aboutir sa réforme ? Dans la rationalité instrumentale qui est la sienne, disons qu’elles sont infimes. Il utilise jusqu’ici les ficelles de toujours 1/ Il maintient en façade la négociation avec les syndicats ne cherchant pas à passer en force 2/ Il souffle le chaud et le froid se répartissant les rôles de bon flic et méchant flic sur la fameuse « clause du grand père », qui, pour rappel, oppose ceux qui prétendent appliquer la réforme à tous, et ceux qui veulent en limiter l’impact aux seuls nouveaux entrants sur le marché du travail 3/ Il crée un stress sur l’équilibre financier du système à court terme pour éveiller les consciences. Cette dernière manœuvre est la pire. Tout d’un coup, le basculement dans un système à point est amalgamé à une manipulation qui vise à produire des économies. La réforme, se révèle son vrai jour… une réforme comptable. A l’instar de la réforme de l’indemnisation du chômage, qui sous son habillage flatteur, taxation des CDD, extension des droits aux démissionnaires et aux indépendants, c’est avérée être avant tout, pour les 2/3, un plan de réduction des droits des chômeurs.


La seule véritable issue, c’est de s’en tenir à l’intention première. Respecter l’intention initiale : celle de mener une réforme systémique sans visée comptable. La teneur de cette réforme, c’est de se rapprocher le plus possible d’un système universel gouverné par un logiciel prétendument simple, unique, à point et dosé selon des critères de pénibilité. Prétendre mener cette réforme c’est viser non pas des économies à court terme, mais gagner en terme de pilotage et d’acceptabilité des réformes paramétriques ultérieures. Dans un système unique, la dilution des efforts sur tous, réduit l’ampleur des sacrifices demandés au plan individuel, leur acceptabilité et renforce le sentiment d’équité.


Réduire au maximum le nombre de perdants, dans un tel cadre renouvelé, a un coût. Au moins un coût transitoire, il ne faut pas se voiler la face. Mais si un système uniforme à point est si avantageux aux yeux des gouvernants par rapport à la balkanisation actuelle, cela relève d’un investissement. C’est un principe qu’avait posé Emmanuel Macron au début de son mandat. Une réforme, ça s’achète.  Et si, la règle des 3% est réellement un débat d’un autre siècle, pour prendre au mot le président, on ne voit pas ce qui interdit cette sortie par le haut.


Publié le vendredi 29 novembre 2019 . 5 min. 39

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