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Vers une flambée des salaires en 2022 ?

Publié le lundi 6 septembre 2021 . 6 min. 14

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La poussée de fièvre sur les prix que suscitent les frictions liées à la remontée brutale de l’activité ne devrait pas connaître d’effet second tour. C’est le point de vue le plus rependu. Le rapport de force est tellement en défaveur du travail que la contagion de la hausse des prix sur les salaires n’est pas à craindre. Cette perspective rassure en général les commentateurs qui accordent au moins cette vertu à la mondialisation : celle d’avoir tué pour de bon le poison de l’inflation.


La fédération des luttes est plus que jamais compliquée (pour le moment)


Cette crise n’a rien changé en effet à l’asymétrie du rapport de force entre salariés et détenteurs du capital. La gouvernance actionnariale continue à régner en maître dans les grandes entreprises donneuses d’ordres qui surplombent les chaines de valeurs du monde, avec des fonds de gestion en supervision de la profitabilité toujours plus concentrés et à la santé financière isolante. Les fonds sous gestion de BlackRock sont en hausse de 30% entre juin 2020 et juin 2021, flirtant les 10 000 milliards de dollars. Et tant que cet édifice qui reporte les pressions de profitabilité du sommet jusqu’à la sous-traitance demeure, le monde d’après aura toutes les caractéristiques du monde d’avant en termes de formation des salaires. Ensuite, l’atomisation du travail et son ubérisation sortent renforcées de la tourmente sanitaire. Télétravail des cadres, report des petits jobs de l’hôtellerie-restauration et des services aux ménages sur la livraison, l’entreposage, le gardiennage, etc., nouvelle poussée de l’auto-entrepreneuriat… La fédération des luttes est plus que jamais compliquée, fragilisant un peu plus les syndicats.


Des tensions sont palpables, pas seulement en France


Cette sortie de crise, plus que les précédentes encore, exacerbe les difficultés de recrutement. Pour quatre raisons :


1. la première tient à l’ampleur inégalée du mouvement de stop-and-go ;
2. la seconde est liée au dispositif de chômage partiel qui a maintenu en emploi les sureffectifs et ne les a pas déversés dans la file d’attente des chômeurs à la recherche active d’un emploi ;
3. la troisième relève de l’ampleur des réallocations intersectorielles et des asymétries entre les savoir-faire détruits et ceux hautement spécialisés générés par la crise (santé, construction, informatique, éducation, action sociale, B-to-B de pointe, etc.)… l’appel d’air se porte sur des compétences très spécifiques et difficilement substituables, créant des goulots d’étranglement ;
4. enfin, la migration et la fixation de certains emplois de service sur d’autres secteurs. Ces derniers ont massivement déserté les pans les plus sinistrés de l’économie, hôtellerie-restauration, secteur récréatif, etc., pour se réallouer là où les besoins étaient les plus aigus, le quick commerce en particulier. La normalisation de ces secteurs bute aujourd’hui sur la difficulté de faire revenir une main-d’œuvre expérimentée.


Les tensions sont donc palpables, comme en témoigne la hausse des emplois vacants. C’est le cas de la France, mais pas seulement. Ce syndrome traverse la plupart des économies avancées. Et les entreprises qui recrutent se heurtent au plan microéconomique, en dépit des destructions d’emploi, à un problème de pénurie de compétences, atypiquement aigu en sortie de crise. Autre anomalie, par rapport à d’autres crises, beaucoup d’entreprises abordent cette séquence avec un taux de marge peu ou non dégradé et une aisance de trésorerie elle aussi atypique. Enfin, contrairement aux craintes, la crise n’a pas rouvert les écarts de coûts unitaires de main-d’œuvre en Europe, que la décennie passée a résorbés au prix que l’on sait sur la croissance. La grande correction Nord-Sud qui a pesé sur les économies européennes et conduit à une épidémie de dévaluation salariale semble bien derrière nous.


Ni rigueur ni emballement inflationniste


Si l’on met tous ces éléments bout à bout, le scénario d’une rigueur salariale pour réparer les séquelles de la crise ne paraît pas à l’ordre du jour. Les entreprises qui embauchent disposent de marges pour faire monter les enchères sur les compétences rares, c’est-à-dire sur les embauches marginales et les emplois qu’elles veulent fidéliser.


Cela ne signifie pas pour autant inflation généralisée sur les salaires, notamment des insiders qui ont maintenu leur emploi durant la crise. Le cas des États-Unis est édifiant en la matière : alors que l’économie est la plus en pointe en termes de tensions inflationnistes et de plein-emploi de la main-d’œuvre, et que nombre d’entreprises emblématiques annoncent des revalorisations du salaire à l’instar de McDonald's ou d’Amazon, les salaires continuent à courir derrière l’inflation. Le salaire horaire des salariés non-cadre du privé perd en pouvoir d’achat sur un an depuis mars 2021 et l’embardée apparente des mois de crise ne tient qu’aux effets de composition, à la destruction massive des emplois les moins bien payés qui ont rehaussé temporairement le salaire moyen des salariés en place. Ni rigueur ni emballement inflationniste : c’est le scénario qui s’esquisse outre-Atlantique et sur lequel devraient converger nombre d’économies, laissant place à un épisode d’inflation certainement plus ample que les précédents depuis 20 ans, mais temporaire.


Reste néanmoins la grosse incertitude de la colère sociale, bombe à retardement possible face à l’insolent enrichissement des plus riches pendant la crise. Dans ce cas, ce n’est pas l’inflation qui fera la colère sociale comme on l’entend souvent… mais bien la colère sociale qui réveillera peut-être l’inflation par les salaires.


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