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L'immigration provoque-t-elle vraiment le chômage ?

Publié le mardi 24 mai 2022 . 4 min. 25

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Mon billet libéral du jour porte sur une équation classique du discours populiste de droite : l’immigration provoque le chômage. Ou si l’on préfère, contre la crise sociale, rien ne vaut la fermeture des frontières.

Dans un petit livre intitulé Des économistes répondent aux populistes, Hippolyte d’Albis, professeur à l’Ecole d’économie de Paris, rappelle drôlement qu’aux législatives de 1978, le slogan du Front national est “Un million de chômeurs, c’est un million d’immigrés de trop”.

Deux ans plus tard, les affiches sont modifiées: “Deux millions de chômeurs, c’est 2 millions d’immigrés de trop!”. Et en 1982? “Trois millions de chômeurs, c’est trois millions d’immigrés de trop!”

Depuis, la corrélation entre immigration et chômage fait l’objet d’un quasi consensus. En 2012, François Hollande pouvait ainsi affirmer : «Dans la période de crise que nous connaissons, la limitation de l’immigration économique est nécessaire, indispensable.»

Affirmer le contraire, c’est aujourd’hui s’exposer à un procès en naïveté.

Le bon sens ne ment pas.

A vrai dire, si : le bon sens est piégeux. Nombre d’économistes réfutent la corrélation. Et deux études grandeur nature contredisent l’évidence.

En 1962, le choc migratoire de 900.000 rapatriés d’Algérie a eu un effet marginal sur le chômage et les salaires en France. Même constat à Miami, en 1980, lors de l’expulsion par Fidel Castro de 125.000 Cubains…

Reconnaissons quand même que ses résultats sont contre-intuitifs. Sur un marché, le prix est la résultante de l’égalisation de l’offre et de la demande.

Transposé au marché du travail, ça donne:
- l’immigration accroît l’offre de travail
- elle exerce donc une pression à la baisse sur le prix du travail, c’est-à-dire le salaire
- or comme les salaires sont rigides à la baisse, l’immigration provoque un excès d’offre de travail, matérialisé par le chômage.

Un raisonnement simple et limpide. Du bon sens! Sauf qu’il ne tient pas, nous dit Hippolyte d’Albis, pour au moins trois raisons.

D’abord, les étrangers sont discriminés sur le marché du travail. Par xénophobie ou pour des raisons objectives comme la mauvaise pratique de la langue.
Or on ne voit pas comment celui qui est discriminé pourrait prendre la place de celui qui ne l’est pas. A compétences égales, argumente Hippolyte d’Albis, les étrangers ne trouvent un emploi que si les nationaux font défaut.

Ensuite, conséquence directe de ce premier point, les étrangers sont surreprésentés dans les métiers difficiles ou peu valorisés.
Bâtiment, restauration, services à la personne.
Avec une externalité trop souvent négligée: la garde d’enfant est facilitée dans les zones où la main d'œuvre étrangère est plus importante, au profit du travail des femmes ainsi mieux rémunérées.

Enfin, troisième raison, les immigrés sont en moyenne plus jeunes que le reste de la population du pays d’accueil. Ce qui se traduit par une contribution positive aux finances publiques, autant dire par une baisse de la pression fiscale sur les salaires.

A vrai dire, ce raisonnement a peu de chance d’infléchir la ligne des populistes…

Tout simplement parce que, comme l’assurent les économistes Augustin Landier et David Thesmar, les Français n’adhèrent pas à l’idée que l’immigration est économiquement dommageable. En la matière, ils pensent plutôt identité, sécurité, surcharge des services sociaux, autant de points négligés par l’analyse économique.

En clair, l’économique compte moins que le sociétal. Les populistes l’ont compris et ont changé leur discours. Ceux qui les combattent devraient en tenir compte.


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