25 ans de croissance chinoise
Publié le jeudi 18 décembre 2014 . 4 min. 15
La Chine entre officiellement dans « l’Economie socialiste de marché » en 1992. Depuis, elle défie toute les comparaisons internationales avec un PIB multiplié par 8,5. En 1992, la Chine c’est un PIB comparable à celui de l’Espagne. Mais l’Espagne de l’époque. Il faut bien comprend que c’est encore une économie essentiellement rurale en dehors des zones économiques spéciales. Une économie où l’essentiel de la population vit hors marché. Mais l’Espagne, la Chine l’a dépassé dès 1993, elle rattrape l’Italie en 2000, supplante coup sur coup la France en 2005, le Royaume-Uni en 2006, l’Allemagne l’année suivante pour finalement déborder le Japon en 2009. Restent encore les Etats-Unis en ligne de mire. Alors, quelles sont les grandes étapes de ce gigantesque bond en avant ? Début des années 90, le taux croissance est certes spectaculaire. Mais une part substantielle de cette évolution est la conséquence de l’entrée dans le marché d’activités non-marchandes. Cela gonfle le PIB qui est marchand par définition. A partir de 1995, la restructuration des grandes entreprises d’Etat, puis le choc de la crise financière asiatique vont diviser par 2 le rythme de croissance. En 2001, à la veille de l’entrée dans l’OMC, la croissance s’est stabilisée à environ 8%. L’entrée dans l’OMC, c’est le détonateur qui met le feu aux poudres. Les multinationales misent alors massivement sur le faible coût du travail chinois et la sous-évaluation du Yuan et sous traitent des pans entiers de leur production à la Chine, qui devient en quelques années « l’atelier du monde ». Jusqu’alors spécialisée dans les produits low-cost et autres babioles, quand ce n’est pas la contrefaçon, elle va petit à petit apprendre des firmes occidentales donneuses d’ordre pour se lancer dans des activités plus sophistiquées. Partenaire des multinationales et grands distributeurs américains et européens, la Chine voit sa croissance s’envoler. Elle franchit la barre symbolique des 10% courant 2003 ; le plafond des 12% est crevé en 2006 ; le pic des 15% est en vue courant 2007. De véritables entreprises locales apparaissent, et concurrencent directement les firmes occidentales: c’est le cas de Huawei dans la téléphonie, de CNR dans les trains à grande vitesse ou d’Haier dans l’électroménager. Survient la grande récession de 2008-2009. La Chine est affectée, mais grâce aux énormes réserves de changes accumulées, et va riposter très vite par une relance de sa demande intérieure avec une politique de grands travaux d’infrastructure. Le choc est alors très vite amorti. La croissance ne baisse qu’à 6,6% alors que le reste du monde tombe en récession. Le rebond est très rapide, et le taux de croissance revient à 12% début 2010. Mais il va vite décélérer. Bien sûr, il est plus difficile de faire de la croissance à deux chiffres quand on est déjà numéro 2 mondial. Bien sûr, le marasme Européen freine les débouchés. Mais il ne faut pas s’arrêter là. D’abord, si le rythme de croissance s’effrite, c’est aussi parce que l’empire milieu perd de la compétitivité avec la hausse des salaires. La Chine devient moins compétitive face à d’autres pays émergents. Mais plus fondamentalement, c’est aussi parce que l’on assiste à un raccourcissement des chaînes de valeur dans le monde, et notamment aux Etats-Unis, qui se traduit par des mouvements de « relocalisation ». Mise au pied du mur, la Chine doit désormais relever le défi d’une croissance plus autonome, plus centrée sur son énorme potentiel de demande intérieure. Mais cette transformation d’une économie très extravertie est difficile à manœuvrer. La Chine doit de plus faire face à la menace latente d’un krach immobilier, aux risques liés aux mauvaises dettes dans le système financier, et à l’impératif de maîtriser sa stabilité sociale. Mais les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, et la décélération va se poursuivre. Certes, le FMI a annoncé qu’en 2014 la Chine serait devenue la première économie mondiale en parités de pouvoir d’achat. Mais en Selon les chiffres du même FMI, la chine c’est un PIB de 10,3 milliards de dollars quand le PIB américain s’établit à 17,4 milliards de dollars en 2014. Et n’oublions pas que par habitant, la Chine est au 89ème rang mondial, juste entre la Jordanie et les Maldives.
Le Graphique, 25 ans de croissance chinoise, une vidéo Xerfi Canal
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